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Tito à la Backside Gallery

Dans la chaleur d’un début d’automne, Tito nous accueille dans sa galerie. Débonnaire et souriant il se tient prêt pour le vernissage d’Invisible de l’artiste John Kviar. Submergé par les visiteurs qui affluent, il t’invite malgré tout, comme un graffeur peignant la façade de ton voisin, à lui faire pulvériser les couleurs de son portrait. Et puis, même lorsque tu fais tomber ton verre de rouge sur le sol en tentant de manipuler carnets de note et appareil photo, aucun doute, son sourire reste immuable. Quand on lui demande de parler de lui, il préfère rester muet. Il aime évoquer « ses gars » ceux qu’il affiche dans ses locaux avec la même envie qu’il le ferait chez lui, des choix à son image. Tu observes la modestie du galeriste et la peinture de vigne en arrière-plan qui fait tâche sur le parquet, te sentant toi aussi un peu expressionniste à l’intérieur des murs de la Backside Gallery.

à la galerie Backside l’essence de la rue s’enflamme à chaque étage…

Le jeune homme n’en est pas à sa première : cela fait quinze ans qu’il côtoie le monde du street art et neuf ans qu’il a ouvert sa première galerie. C’était au Vieux-Port « Le lieu avait la particularité d’être un cube. Un peu frustrant car dès que l’on rentrait dans la galerie, on n’avait pas ce côté immersif, pas d’histoires. Je voulais développer le principe de l’installation mais il manquait de l’espace. » Voilà comment de feutres Posca il est passé aux bombes, aux vraies, gardant le nom du concept et se déplaçant en 2011 dans un espace aux mètres carrés quadruplés. Pourquoi avoir choisi le quartier du Panier ?

« Ce n’est pas hasardeux, ça a été le quartier de ma post-adolescence là ou j’ai eu mon premier appartement. Mais c’est aussi le tout nouvel axe culturel de la ville ; le MuCEM, le FRAC, tout s’y est goupillé. » Un écrin historique dans lequel Tito y dépose des joyaux d’art urbains. Pendant que nous parlons, son fixie repose sur la rambarde des escaliers menant au sous-sol. Le guidon néophyte observe les œuvres encadrées par les jambes en satin des connaisseurs, les jupes longues des amis et les lacets des curieux. Ces dernières années, les amateurs sont de plus en plus sensibles à l’art urbain, le mouvement n’est plus réservé aux puristes selon Tito ; magazines, blogs, produits dérivés, tous ces univers entourant le mythe y a contribué. « Mais je n’aime pas parler de street art » continue l’intéressé. Entre la rue et les galeries il n’y a qu’une porte, certes. Mais les sensations éphémères qui se produisent dans la rue et les œuvres dissipées que l’on discipline dans les locaux n’engrangent pas la même expérience. « Dans la ville, personne ne peut se l’approprier ». Alors qu’à la galerie Backside l’essence de la rue s’enflamme à chaque étage, le dynamisme de Tito s’étend au dessus de la cité phocéenne. Car la chevelure décapante n’en est pas à son dernier projet, il trouve aussi le temps de pédaler entre les évènements de la Villa Alliv sa maison d’artistes et Bathroom-Lab, son label de musique.

Backside Gallery
88 Rue de l’Évêché, Marseille 1er
www.backsidegallery.com

Texte _Julie Mandruzzato