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Emmanuel Bournot, le génie photographe “regardez-moi dans les yeux…”

Toutes les belles images de nos nageurs sexy, c’est lui. Chez ToutMa, nos meilleures couv’ sont les siennes aussi. Depuis, on ne s’en passe plus. Emmanuel Bournot est notre chouchou, mais pas qu’à nous. Photographe à l’instantané parfait, au déclic idyllique, il est l’antidote au stress et le garant de l’image rêvée.

ToutMa : Comment es-tu devenu un photographe « bankable » ?

Emmanuel Bournot : Si à mon insu j’en étais devenu un, j’en accorderais le crédit aux rencontres que j’ai faites et qui m’ont permis de m’exprimer, de mettre en avant mon savoir-faire. Le réseau est un élément primordial… Sensibilité, sens de l’observation et réactivité forment je crois, le combo qui me caractérise. Je pense être un photographe efficace.

TM : Quelles sont tes plus grandes campagnes en terme de notoriété ?

EB : Mon premier job photographique s’est révélé être une campagne d’affichage nationale. J’ai été « plongé dans le grand bain » par le créateur d’une marque qui voyait en moi ce que je ne soupçonnais pas. Ensuite, les marques qui me contactaient étaient de plus en plus renommées, elles avaient même pour certaines, une portée mondiale. Réaliser une campagne pour Reebok m’a réellement comblé de bonheur. Je me rappelle de ma première paire de Reebok, comme de ma première paire d’Adidas. C’est affectif ! Ma plus grande fierté est d’avoir réalisé pour l’été 2016, la campagne olympique d’Adidas avec certains de leurs plus grands ambassadeurs, Teddy Riner, Dan Carter, Nikola Karabatic, Nicolas Batum, Tony Yoka…

TM : Pourquoi la photographie comme moyen d’expression ?

EB : Parce que quand t’achètes un appareil photo, t’es photographe, et que quand t’achètes un piano… ben t’as juste un piano (rires). Jamais je n’ai eu la prétention de devenir photographe. Je le suis devenu par la force des choses, au fil des demandes qui m’étaient, à ma grande surprise, adressées. Des demandes « plus grosses que moi » mais que j’avais le courage d’accepter et pour lesquelles je donnais tout. Je me rappelle avoir appris à me servir de mes flashs sur une campagne de la marque Kaporal avec Didier Drogba comme égérie.

TM : Les sportifs sont tes cibles de prédilection. Hasard, opportunité ? Choix délibéré ?

EB : Pur hasard, opportunités, volonté divine… tout sauf un choix délibéré ! J’ai été amené à collaborer avec des sportifs de très haut niveau grâce à Jean-François Salessy, à l’aube de la création de Pimiento Agency. Avec lui, j’ai pu travailler avec des marques mondiales comme Speedo, Arena, Ice-Watch et avec des sportifs de renommée tout aussi mondiale : les Manaudou, Lacourt, Gilot, Bousquet ! Le book se gonfle de ces expériences, le mental, la technique, les capacités relationnelles se développent en même temps que la confiance en soi et la spécialisation se crée. Les missions que les marques ou magazines me confient aujourd’hui sont régulièrement des photoshoots avec des grands noms du sport, des personnalités. Même si la plupart sont rodés à ces shootings, il ne faut pas perdre de vue que ce ne sont pas des mannequins. Ce sont rarement des rois du posing, ils ont des créneaux horaires très courts à vous proposer – parfois juste 10mn – et les exigences autour du projet, les enjeux, sont élevés. Efficacité est alors le maître-mot. Les premières secondes de contact sont primordiales. Privilégier la relation humaine pour lever les barrières et accéder à l’homme qui se cache derrière la personnalité médiatique, pour qu’il se sente assez en confiance et accepte de me suivre dans les indications que je lui transmets. Je sais ce que je fais, il faut qu’il le ressente.

TM : Des artistes, musiciens, chanteurs, actrices sont « shootés » à ta manière extrêmement lumineuse sans pour autant être des campagnes de marques… Ce sont des commandes, des envies personnelles ?

EB : Avant toute chose, c’est l’Humain qui m’a conduit à m’intéresser à la photo, notamment au travers du regard. Le regard de mon modèle, autant celui que je porte sur lui. Chacun a sa manière de raconter les choses et je pense avoir trouvé la mienne. Moi, je raconte un instant. Je raconte cette fraction de seconde durant laquelle je distingue dans les yeux de l’autre « le truc » qui me plaît et qui le révèle. L’équipe de ToutMa, qui je pense a capté ça chez moi, est d’ailleurs l’un de mes partenaires des premières heures (sourire). Des demandes régulières me sont faites de la part de personnalités médiatiques – ou pas – qui me sollicitent pour réaliser d’eux un portrait expressif. Je me souviens d’une très jolie comédienne qui en 2011 m’a contacté par téléphone : « Bonjour je m’appelle Bérénice Marlohe, je suis comédienne. Je pars tenter ma chance à Los Angeles et j’aimerais des photos de vous dans mon book. Je vis à Paris mais je peux être à Marseille demain si vous êtes disponible ». J’adore les photos en noir et blanc que nous avons faites sur la plage des Catalans. Il se dégageait de Bérénice un charisme agressif et une force incroyable. Je l’imaginais dans de grandes productions et lui ai même lancé : « Sur nos photos, tu fais très actrice italienne, tu fais aussi James Bond Girl ». Elle adorait nos photos. Elle m’a chaleureusement remercié, m’a dit qu’elle ne m’oublierait pas quand elle deviendrait célèbre ! 6 mois plus tard je lis dans la presse que Bérénice Marlohe est la comédienne choisie pour incarner l’une des James Bond Girl du film Skyfall. Mais je crois qu’elle m’a oublié (rires) ! J’ai parfois aussi des demandes personnelles comme celle avec Arthur H que je rêvais de prendre en photo. C’est un ami musicien, David Walters, qui a permis que ce soit réalisable. 10 mn de shoot avec Arthur, puis 10 mn avec David sur le toit du Corbusier. Totale impro, je suis très fier de ces images.

TM : Les enfants sont également très beaux sous ton objectif. Quel regard as-tu sur eux ? 

EB : Comme je le dis souvent, il n’y a rien de plus simple que faire une jolie photo avec des gens beaux et bien apprêtés. Il suffit de se mettre en face et d’appuyer sur un bouton. Mais je veux satisfaire les besoins primaires de mon client tout en apportant le petit plus pour lequel il a fait le choix de me faire travailler. Coûte que coûte, je veux raconter une histoire. J’en ai parlé tout à l’heure, c’est celle que l’on va chercher dans un instant fugace, dans une fraction de seconde. Les enfants ? C’est une histoire nouvelle à raconter à chaque seconde. Ce qui est bien (ou pas) avec eux, c’est qu’on ne sait jamais sur quel terrain ils vous emmènent. Je ne prévois plus rien à l’avance, car l’histoire dérive forcément. Je prévois juste d’être réceptif et réactif. Lors d’une campagne, je me souviens d’une petite fille de 4 ans qui m’a obligé à jouer à cache-cache avec elle dans la forêt sans quoi elle refusait de poursuivre le shooting. Il restait 10mn avant le coucher de soleil. Inutile de vous dire que j’y ai joué… et vite !

TM : Quelle serait pour toi la consécration dans ton métier ?

EB : Je n’ai jamais fait d’effort pour bâtir une quelconque notoriété, je n’ai jamais cherché à me faire connaître. Je voudrais juste continuer à être émerveillé par ce qui m’arrive. Demain est un autre jour. Toujours.

www.emmanuelbournot.com