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Pierre Palmade, aimez-le !

 

Cet automne, Pierre Palmade présente son dernier spectacle à Marseille les 18,19 et 20 octobre prochains au théâtre du Gymnase. À 50 ans, Il se considère un peu comme le gardien du temple de l’humour français du siècle dernier, dont il se sent l’héritier…

 

ToutMa : Vous êtes un auteur à succès dans tous les domaines : théâtre, télévision, spectacle… Qu’est-ce qui vous a donné un jour envie d’écrire ?

Pierre Palmade : C’est le manque de culture… Parce que je voulais absolument aller sur scène, j’étais jeune, encore lycéen, je ne connaissais rien, je ne lisais pas de livres, et je ne savais donc pas quoi jouer. Il me fallait du matériel. J’ai écouté des sketches d’humoristes, Sylvie Joly, Guy Bedos et Jean-Loup Dabadie… et ça m’a marqué. J’ai compris le style et je me suis mis à écrire comme ça. Après, un peu plus tard, je me suis imprégné du théâtre de boulevard dont certaines pièces étaient retransmises à la télévision, avec Jacqueline Maillan, Michel Roux, Maria Pacôme et là aussi, j’ai pigé les intrigues, l’ironie du genre… Je ne suis pas littéraire, j’écris plutôt du « parlé » d’ailleurs, pas du « lu ». Et puis, quand j’étais petit, j’ai énormément écouté les conversations des adultes et j’ai fini par les reproduire dans mes dialogues.

TM : Parmi tous les spectacles que vous avez joués, quel est celui qui vous a procuré le plus de bonheur ?

PP : En 2007, j’ai pris un tournant décisif car j’ai écrit une pièce autobiographique, qui s’appelle Le Comique, où j’ai décidé de mêler vie privée et vie publique en parlant de mon passé de bringueur. Ce n’était pas évident car je racontais des choses pas très glorieuses sur moi mais c’était dit d’une manière tellement légère que beaucoup de gens ont aimé ma transparence et mon honnêteté ! Ça a été un moment très fort pour moi.

TM : Vous avez su vous créer une famille de théâtre, d’abord avec Muriel Robin, Michèle Laroque, Isabelle Mergault ou encore Pierre Richard et Alex Lutz, puis avec de jeunes comédiens déjà célèbres comme Arnaud Tsamere et Camille Cottin… Vous sentez-vous aujourd’hui un chef de file ? 

PP : J’adore admirer le talent des autres. Il est aussi important que le mien. Muriel Robin, quand je l’ai rencontrée, était encore très peu connue, comme Michèle Laroque… Dans mes différentes casquettes, j’ai celle du flair, c’est vrai. Je ne fais pas de prophétie (rires) mais je n’attends pas que le public plébiscite quelqu’un pour en être fan et avoir envie de nourrir son talent. Aujourd’hui certains commencent à voler de leurs propres ailles… Il y a Sarah Suco qui débute au cinéma, Sébastien Castro aussi qui est déjà connu au théâtre. Chacun trouve sa place, j’en suis fier ! Dominique Besnehard me disait récemment, « ta troupe est l’équivalent du cours Simon d’autrefois… »

TM : Cette année, Paprika, une pièce que vous avez écrite également, a rencontré un beau succès ! Comment faites-vous pour avoir autant d’idées ? 

PP : Je suis un hyperactif… J’ai toujours besoin de faire quelque chose. Paprika par exemple, était une commande d’Amanda Lear, mais finalement on n’a pas travaillé ensemble. Un jour je croise Victoria Abril et lui propose d‘essayer la pièce. Elle a tout de suite adoré ! Puis j’ai cherché le fils, un jeune à la fois poétique et délicat. Et aux Enfoirés, j’ai découvert le talent de comédien de Jean-Baptiste Maunier…

TM : Depuis 2017, vous êtes à nouveau seul en scène avec votre dernier spectacle Aimez-moi. Quels sont les messages que vous avez eu envie de faire passer ?

PP : Dans un one-man-show, on n’est pas obligé de faire que rire… On aime aussi dire des choses qui nous touchent et qu’on a envie de partager. Attendez-vous à rire bien entendu, à être ému, à être surpris aussi car il y a un peu d’action, quelques trucs farfelus, un peu d’absurde ! J’aime quand l’humour est sous-entendu et pas que dans le texte, que ça fasse marcher le cerveau du spectateur. J’aime aussi le côté « et si on se disait tout »… Attention, vous allez être intime avec moi ! (rires)

TM : L’amour est un thème récurrent dans vos shows… Pourquoi d’après vous ?

PP : Pas l’amour romanesque mais le désir d’être aimé, d’être le préféré de l’autre est une obsession que j’ai. Parce que j’étais un enfant adoré dans ma famille, le chouchou à l’école… Mes personnages sont comme ça aussi. Mais je n’en dirai pas plus, je réserve ça pour le spectateur…

TM :  Vous avez fait vos « premiers adieux » à 40 ans, pour rire évidemment ! Aujourd’hui, à 50 ans, encore un âge de bilan… Qu’est-ce que vous aimeriez faire que vous n’ayez pas encore fait ?

PP : J’ai tout donné dans ce dernier show.  Aussi ai-je beaucoup envie d’aller dans les textes des autres, d’être un acteur, pourquoi pas au cinéma  d’ailleurs, que j’ai très peu approché…

Photos _ Eddy Brière