Marseille
17 Apr, Wednesday
13° C
TOP

20 nuances de Provence au Musée Regards de Provence

Qui mieux que Marseille pouvait accueillir la synthèse artistique des 20 années d’activité de la fondation Regards de Provence ? Créée en 1998 par Pierre et Michèle Dumon, collectionneurs et mécènes marseillais, la fondation s’est constitué, au fil des années, un patrimoine artistique important, riche de plus de 850 œuvres liées de près ou de loin aux territoires du Sud. 

À l’occasion de son vingtième anniversaire, la fondation a tout naturellement choisi Marseille et son musée éponyme, désormais dirigé par Adeline Granereau-Dumon, pour retracer l’histoire de ses acquisitions, à travers une rétrospective transcendant les époques, les styles, les artistes et les courants artistiques. Une belle façon de mettre en avant ses expositions les plus marquantes, qui ont porté un regard singulier sur notre Provence éternelle.

Regards sur une Provence escarpée, rurale et intemporelle, comme dans l’exposition La Provence rurale de 1850 à 1900. Un territoire vu par ses peintres et poètes qui rendent compte avec authenticité de la réalité, et parfois de la dureté, des paysages ainsi que de l’atmosphère retirée de la haute-Provence, du Lubéron, des Alpilles ou encore du Val de Durance et de la Sainte-Victoire, avec des œuvres signées Auguste Aiguier, Marius Barthalot, Paul Guigou, Théodore Jourdan, Émile Loubon et Adolphe Monticelli.

Regards, également, sur une Provence plus urbaine, cosmopolite, effervescente et ouverte sur le monde, à l’image de sa capitale naturelle, Marseille, avec les expositions L’Orient des Méditerranéens, Jean Cocteau et la Méditerranée, Cent regards sur Marseille, ou encore Les 110 ans de l’OM, qui racontent une ville, nichée entre passé et présent, qui s’est profondément transformée au fil des années mais dont l’âme perdure jusqu’à nous. 

Regards, enfin, sur ce syncrétisme de couleurs aux mélanges atypiques, mais toujours éclatant de lumière : des contreforts du Ventoux, où se mêlent le blanc des sommets éternels et la vivacité du mauve de la lavande, à la Camargue, en passant par le bleu aveuglant de la Méditerranée. À travers les œuvres de Jean-Baptiste Olive (exposition Prisme de lumière), de Pierre Ambrogiani, le « gourmand de couleurs », ou encore de René Seyssaud (exposition L’Ivresse de la couleur), nous effectuons une plongée au cœur des pigments qui ont illustré la Provence et qui nous livrent, de manière brute, et avec une réalité presque palpable, la fresque d’un territoire sur lequel le temps s’est paisiblement écoulé : le terroir, les falaises, la nature, la campagne, la mer, les ports, les villages typiques, les scènes de rues constellées de personnages, les métiers…

La fondation et le musée Regards de Provence rendent ainsi un bel hommage à cette terre presque sacrée et, en mettant à l’honneur l’art pictural, font écho à la littérature, pour laquelle la Provence constituait, au moins autant que pour la peinture, un inépuisable terrain de jeu artistique. On se dit que le pari de la fondation est réussi lorsqu’au sortir de l’exposition on part derechef relire Giono, Daudet et les autres, pour faire durer ce moment, suspendu dans le temps, où l’homme rencontre la terre qui l’a vu naître.

Exposition 20 ans  jusqu’au 17 février 2019
Musée Regards de Provence
allée Regards de Provence/rue Vaudoyer, Marseille 2e _04 96 17 40 40
info@museeregardsdeprovence.com
Du mardi au dimanche de 10h à 18h

 

Texte _Romain Bony-Cisternes