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Angèle, tête d’ange et brol au corps 

C’est une frimousse dessinée par la blondeur d’un carré, une frange qui sautille au rythme du synthé, et une voix laiteuse comme de la douceur dans un café. Sur scène, Angèle ne tient plus en place, frétillant à la même cadence que sa notoriété. 

Sainte avec synthé

À 22 ans seulement, Angèle vient de sortir son premier album, Brol. Un album, récemment sacré disque d’or en Belgique, qu’elle a entièrement composé et réalisé sous son propre label, « mais avec l’aide de pas mal de gens », clame-t-elle en citant Tristan Salvati, « un producteur en or ». Jeune femme entreprenante, l’artiste ne se prend pourtant pas au jeu du sérieux télévisuel, elle est plutôt pour la décadence du premier degré. D’ailleurs « brol » en « belge », ça signifie « bordel ». Un capharnaüm de couleurs, de l’espièglerie comme saveur, et beaucoup d’autodérision pour nous délivrer sa vision de la société moderne en chansons. Titres incisifs sur sa génération, sur les réseaux sociaux et sur des états d’âme bercés par un synthé et des sonorités électroniques. 

Les prémices

Angèle Van Laeken a commencé à chatouiller le piano à l’âge de 5 ans. C’est l’avantage de grandir dans une famille d’artistes, on en parle à table, entre la poire et le fromage. « De la même façon que si j’avais eu des parents médecins ou avocats, il y a une facilité à suivre le métier de la scène. Mais j’ai toujours eu l’impression qu’entre les uns et les autres, nous faisions tous quelque chose de différent », témoignait-elle lors d’une interview. Maman (Laurence Bibot) est comédienne et elle a le même sourire que sa fille. Papa (Marka) est un chanteur populaire. Quant à son frère, le rappeur Roméo Elvis, il est déjà parvenu à se faire un nom dans le milieu. À l’adolescence, cette jeune perle belge développe donc son collier de gammes au Jazz Studio d’Anvers et se met au chant. Les seules notes qu’elle laisse dans les cafés bruxellois sont musicales, et de fil en concerts, elle fera l’addition aux premières parties du rappeur belge Damso (lyrisme d’un autre répertoire), préservant toutefois sa candeur et son air mutin. 

« Savoir se moquer de soi, avant que les autres aient l’occasion de le faire. »

Les réseaux sociaux auront aussi contribué à l’enfantement de l’artiste. Là où certaines apprivoisent le succès en affichant la nudité de leur muscle piriforme, Angèle s’est fait un nom en exhibant… son talent. Se servant d’une râpe à fromage comme d’un instrument, faisant des reprises musicales toujours avec amusement, les courtes vidéos qu’elle publie sur Instagram sont pleines d’humour et ne laissent personne indifférent. Pas même sa baby-sitter d’enfance, Sylvie Farr, qui lui propose alors de devenir sa manager. 

C’est en 2017 qu’elle publie son tube, La Loi de Murphy, sur Internet. Un clip réalisé par son amie Charlotte Abramow, réalisatrice de talent. La fameuse loi de Murphy, c’est cette loi de l’emmerdement maximum (par exemple, journée type, quand il pleut sur le trafic de la Rotonde et que vous avez un entretien à passer et vos nouveaux mocassins en cuir à racheter), mais c’est aussi un grand tournant dans la carrière de la chanteuse. Le genre de titre qui vous propulse sur le devant de la scène, sous le feu des projecteurs, alors que vous étiez déjà un soleil pour vous-même. Un succès qu’elle avoue avoir encore du mal à comprendre. Elle en parle dans Flou, l’un des titres de son album. En attendant, tout ce qu’on lui souhaite, c’est de rester dans nos univers pour longtemps et on a hâte de la retrouver sur notre planète Marseille, lors de son prochain concert au Moulin.

Angèle en concert samedi 15 décembre 2018
Moulin
47 boulevard Perrin, Marseille 13e

Photos _Charlotte Abramow