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Skunkdog, aux marges de l’art populaire

Aux marges de l’art populaire se tient Skunkdog. Depuis près de deux décennies, le peintre phocéen, en pur autodidacte, en a appris les gestes, conquis les alliances chromatiques, expérimenté toutes les techniques. Fin novembre, le chef de file de la nouvelle figuration marseillaise revient au sein de la maison-mère, chez son galeriste David Pluskwa, pour livrer au public un « solo show » inédit, attendu par tous. Dans United Robot Space Syndicated, il sera question « de palissades, de mécaniques et de nouvelles expérimentations », nées en grande partie de ses nombreux voyages au Maroc. Rencontre.

Il n’est pas toujours nécessaire de connaître la vie d’un artiste pour en apprécier le travail. Chez David « Skunkdog » Negri, l’histoire revêt pourtant son importance. L’internat, ses jeunes années à faire tourner les bars phocéens, la dèche à Paris, les années électriques (narcotiques parfois), l’accélération du Jungle Movement à Manhattan, ses virées au Texas, les vandales marseillais jusqu’aux souks marocains… Depuis la fin des « eighties », le Marseillais arpente un chemin créatif, semé d’embûches, entre rencontres et disparitions, strass et crasse. « À mesure que j’avançais à l’aveugle et à l’envie, de Vinci, Jérôme Bosch ou Pieter Bruegel ne me quittaient pas », se souvient Skunkdog. « Les classiques de la Renaissance, tout comme les orientalistes de Marseille, l’Ancien Testament et Le Capital de Marx m’ont également accompagné. » Il s’initie alors à la peinture, en pur autodidacte : « J’étais gourmand de techniques. Après la gouache, je suis passé à l’huile, à l’acrylique, puis aux poscas et à la bombe. » David passe rapidement aux grands formats.

Un chef de file pour la nouvelle figuration marseillaise

La puissance de son geste, largement influencé par la figuration libre hexagonale, attirent alors les regards. Celui du peintre dijonnais Robelin, de la collectionneuse Françoise Siffrein-Blanc… Et plus récemment du galeriste David Pluskwa, qui signe alors le peintre au sein de sa sémillante galerie de la rue Grignan, au tout début de l’année 2016. Une année faste qui voit également la sortie pour Skunkdog de son premier ouvrage monographique : Inflammable Material, une réussite 100 % marseillaise. « La peinture ne peut vivre, ni venir seule », aime à répéter l’artiste, installé désormais dans un vaste atelier, sur le Vieux-Port. Une bouillonnante petite « factory », aux portes entrouvertes, où toute la jeune scène picturale locale (en plein renouveau) passe pour y respirer l’époque, et se faire conseiller par ce dandy-punk magnifique, désormais considéré comme le chef de file de la nouvelle figuration marseillaise.

Modernité mise en pièce

Depuis le 21 novembre 2018, Skunkdog est à l’honneur d’une vaste exposition solo chez lui, à Marseille, au sein de la galerie David Pluskwa. Intitulée U.R.S.S. (pour United Robot Space Syndicated), cet accrochage inédit présentera une série de palissades exclusives. « C’est à Marrakech, au sein de la résidence d’artiste de Jardin Rouge, un véritable laboratoire d’expérimentation, que j’ai pu opérer ce tournant, et m’aventurer ainsi sur un médium nouveau, le volume », nous a confié le peintre. « Dans ces nouveaux assemblages nés en Afrique, mes personnages robotiques cohabitent en peinture avec des roulements à billes, des pièces en acier ou des accessoires pour deux roues. Révolution industrielle, devenir de la mécanique, robotisation… Cette société automatisée, dans laquelle les robots vont venir amplifier notre réalité, doit être interrogée, voire contredite. Qui d’autre, à part les artistes, pourrait mettre en question le devenir humain avec autant d’intensité ? », interroge-t-il.

United Robot Space Syndicated  jusqu’au 22 décembre 2018
du mardi au samedi de 14h30 à 18h30

Galerie David Pluskwa
53 rue Grignan, Marseille 6e
http://galerie-pluskwa.com 

 

TEXTE _Théophile Pillault