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On danse ? jusqu’au 20 mai

La danse n’est pas l’apanage des professionnels. Des petits rats de l’Opéra en passant par les danseurs de hip-hop de rue : elle est l’affaire de tous. C’est, en substance, le message que nous adresse le MuCEM par cette invitation à nous embarquer à son bord pour une expérience sensorielle inédite : celle du mouvement du corps et de l’âme, face à la diversité des modes de danser, partout dans le monde. 

La scénographe Cécile Degos a, ainsi, imaginé un espace qui privilégie le confort et la liberté de mouvement. Tout au long du parcours, on peut en effet s’asseoir ou s’allonger sur la moquette, s’adosser à un volume, s’arrêter sur une balançoire : l’idée étant de s’interroger, à l’image de l’exposition, sur la présence du corps et sa manière d’occuper l’espace. C’est indubitablement le point fort de cette exposition. 

Le programme en lui-même se veut un long flux audiovisuel de six heures, alternant bandes sonores et extraits de films, diffusés simultanément sur différents écrans de tailles variées. En tout, on ne dénombre pas moins de 59 films, 7 pièces sonores, 13 extraits littéraires, et plusieurs objets de la collection du MuCEM. Au total, plus de 66 artistes sont présentés. 

Les œuvres, qui mettent en exergue le corps, sa mécanique et les effets que la danse produit sur lui, de la convivialité à la transe, de l’expérience individuelle intime à l’euphorie collective, ont à cœur de balayer le monde d’un seul regard, en représentant différents contextes géographiques, politiques, et sociaux. 

Vous traverserez le Niger à travers un extrait filmé de la chorégraphie Air de Vincent Dupont qui met en scène des danses vaudous. Toujours en transe, vous découvrirez Haïti et ses danses rituelles dans les années 1940 à travers le regard de Maya Deren, dans le documentaire Divine Horsemen : The Living Gods of Haiti. Puis direction le Japon avec Fukuoka Boyfriend d’Andrew Lampert, à moins que vous ne préfériez danser au Portugal ou piocher une destination au hasard dans ce tour du monde chorégraphique. En réunissant les clichés d’un voyage initiatique à Cuba au début des années 1960, Agnès Varda, dans Salut les Cubains, pointe du doigt le fil rouge de l’exposition et rappelle que la danse agit comme un créateur de liens entre les personnes, les peuples, les cultures.

Au-delà des thématiques historiques, ethnologiques et de sciences humaines, l’exposition, sous la houlette d’Émilie Girard, commissaire général et conservatrice en chef du patrimoine, pose deux questions essentielles sur la nature de la discipline : « où commence la danse ? » et « vers qui danse-t-on ? » Chacune des œuvres présentées tente, à sa manière, d’esquisser un début de réponse. 

Cette exposition s’inscrit, enfin, dans le cadre d’une saison particulière pour le MuCEM, articulée autour de la danse et qui propose de nombreuses activités annexes. À ce titre, le chorégraphe Boris Charmatz, invité par le musée, propose aux visiteurs de passer par un « studio de chauffe ». Cet échauffement est conduit par un duo de danseurs professionnels et pensé comme une introduction ou un prolongement de la visite. D’une durée d’environ une demi-heure, les ateliers s’adressent à tous, danseurs ou non-danseurs, très souples ou très raides, expansifs ou timides !

Alors, on y va, one, two, cha-cha-cha ? 

Jusqu’au 20 mai tous les jours 11h à 18h sauf le mardi

MUCEM
7 promenade Robert-Laffont, Marseille 2e
_www.mucem.org

 

TEXTE _Romain Bony-Cisternes
PHOTO EN UNE _Agnès Varda, Salut les Cubains, 1963