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Tristane Banon, Le Bal des Hypocrites

Elle ne le nomme pas. Elle ne le nomme jamais. Elle l’appelle le cochon, le babouin, ou l’homme-babouin. Quand elle parle de sa femme, elle dit : « Dans une autre vie, je sais que cette femme a été intelligente. Et puis elle l’a rencontré, il l’a séduite. Elle n’a pas vu, pas voulu voir le babouin derrière l’homme. Son cochon n’est pas babouin à plein temps… ». Quant aux journalistes qui passent d’un excès à l’autre, de rien à tout, et de tout à n’importe quoi… « ça n’est rien, ou pas grand-chose, mes tripes que des journalistes ont tricotées comme de la laine pour se faire un pull pour l’hiver ». Tristane Banon est tour-à-tour dépassée, détruite, dévorée, par son histoire. Et l’écriture est comme l’auteure, sincère, vraie, à bout de nerfs, et blessée, car ses mots sont comme des centaines de petites blessures posées sur le papier les unes à la suite des autres.
Elle a d’abord essayé de tourner la page, mais la page pèse une tonne et le 15 mai quand « l’homme-babouin » est arrêté, c’est tout qui lui revient en plein cœur. Tristane a honte, elle admire celle qui, de l’autre côté de la mer a eu le courage de s’élever contre la puissance. Elle n’en n’a pas eu la force. Il faut dire que personne ne l’a aidée. Et c’est « le bal des hypocrites » qui commence car tout le monde savait… mais… Mais quoi ? Á croire qu’en France on ne peut pas s’attaquer aux hommes riches, aux hommes d’affaires, de réseaux, aux hommes d’argent, de pouvoir, aux hommes politiques ?… Il faudra quand même un jour se débarrasser définitivement du dogme de la phallocratie, une fois pour toute, alors on pourra appeler un chat un chat, et un babouin un babouin.

Le Bal des Hypocrites, éditions Au Diable Vauvert.

Texte _ Agnès Olive