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Marine Serre, les comètes ont les cheveux courts

Croissant de lune pour génération lunaire, c’est un peu le symbole de la collection « Radical Call for Love » avec laquelle Marine Serre a remporté cette année le grand prix LVMH 2017. Une bourse de 300 000 € et une aide personnalisée de la part d’un des membres du jury pour développer son entreprise, c’était le fuel qui manquait à la jeune créatrice pour lancer sa roquette sur la planète mode. Petit portrait d’un talent extraterrestre. 

 

Rêves d’astronaute

Originaire d’un petit village de Corrèze, Marine Serre quitte la maison familiale pour partir en internat dans une école d’arts appliqués à l’âge de quatorze ans. Elle voit les choses en grand, c’est son côté artiste avec un télescope imaginaire devant les yeux. Un esprit ouvert qui capte les couleurs et les formes, elle collectionne à l’époque les pièces vintage comme un amas d’étoiles filantes qu’elle customise et rafistole entre les murs de son appartement. Elle affirme déjà un style à la croisée des mondes, un mélange entre tenues de sport et un esprit vieille France. Mouvement corollaire à ses passions, elle part étudier le design à Marseille en 2010. Elle y effectuera un stage auprès de la couturière marseillaise Fred Sathal, avant d’être sélectionnée pour partir étudier à l’école de La Cambre, à Bruxelles. C’est la planète couture qu’elle capte avec son satellite d’artiste. Elle complète ainsi sa formation de cinq ans par des stages auprès d’intemporels tels qu’Alexander McQueen, Maison Martin Margiela, Christian Dior, ou encore la maison Balenciaga avec laquelle elle finira par signer un contrat en tant qu’assistante designer en mars 2017.

Une année lumière

Créée suite aux attentats parisiens de novembre 2015, sa collection « Radical Call for Love » avait déjà été repérée lors du Festival de Hyères, où elle avait décroché une dotation de 15 000 € des Galeries Lafayette, en mai 2017. Un prêt-à-porter hybride, explorant l’alliance entre la moire et le lycra, des coupes futuristes générées par un savoir-faire ancestral, la corolle de jupes épanouies par extension au jersey tendu, et toujours, toujours cette lune qui se dévoile à demi. Une sorte d’hommage au vestiaire sportwear (serait-ce l’influence de dix-huit ans de tennis que Marine pratiquait à haut niveau ?) et d’un regard contemplatif sur la sphère luxueuse du vêtement arabe au XIXème siècle.

Une collection qui semble avoir résonné dans les cœurs et les notes du prestigieux jury du concours LVMH. « Sa proposition est très pertinente en mode. Mais c’est aussi la vision qu’elle a de sa future maison qui a été vraiment très stimulante pour nous tous », justifiait Nicolas Ghesquière, actuel directeur artistique de Louis Vuitton et membre du jury. Décerné le 30 juin 2017, ce prix à destination des jeunes créateurs de mode, permettra à l’artiste de 25 ans de propulser ses ambitions à vitesse grand V.

Plans sur la comète

Enfin, je ne peux pas avoir deux jobs en même temps, c’est impossible ! », avouait-elle à Vogue, sourire minimaliste tracé sur le visage. Mettant fin à son contrat avec Balenciaga, Marine a récemment emménagé avec son équipe dans un studio situé au sein du 18ème arrondissement de Paris. Aidée par sa sœur Justine Serre, la jeune prodige s’attèle déjà à sa troisième collection prévue pour la saison printemps/été 2018. La future ligne, « Cornerstones », pose les fondations identitaires de sa maison, quatre pierres angulaires. La créatrice souhaite continuer à mixer différentes techniques aux apparences opposées, entre culture de masse et matières nobles, un esprit sportwear et des inspirations historiques. Elle nous propose un stylisme conceptuel en jouant avec les codes du passé, du futur mais surtout, du présent que lui inspire le quotidien. Finalement, l’esprit Marine Serre c’est juxtaposer les opposés qui, comme différents cours d’eau, finissent par déboucher ensemble dans un même courant à la tombée de la nuit, sous une lune bienveillante.