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Caterina Murino, le cœur transparent

La voluptueuse actrice italienne est à l’affiche du premier film des Marseillais David et Raphaël Vital-Durand, Et mon cœur transparent, un captivant thriller psychologique tiré du roman de Véronique Ovaldé. Oscillant entre réel et imaginaire, le spectateur est sans cesse transporté d’un monde à l’autre. Caterina campe le rôle d’Irina, une femme énigmatique victime d’un accident de voiture. Lancelot, son mari, va mener l’enquête et aller de surprises en découvertes. 

L’ex-James Bond girl – également la sublime Léa de L’Enquète corse – crève à nouveau l’écran. Volubile et  spontanée, elle s’amuse à définir le film comme un « polar-conte rock and roll » et le défend sans réserve. Humaniste et généreuse, elle s’engage aussi dans plusieurs causes et reste dévouée à son île, la Sardaigne. 

ToutMa : Comment ce rôle est-il arrivé entre vos mains, connaissiez-vous le livre de Véronique Ovaldé ?

Caterina Murino : Non, je ne le connaissais pas avant de lire le scénario et la proposition m’a été faite il y a sept ans ! J’avais adoré le personnage, le scénario des frères Vital-Durand. Le projet a cependant mis du temps à trouver son financement, comme pas mal d’autres projets de films. 

TM : Qu’est-ce qui vous a plu dans le personnage d’Irina ?

CM : Son côté mystérieux, insaisissable presque irréel. Irina traverse tour à tour trois mondes parallèles : femme fatale, épouse aimante, à la fois charnelle, engagée et secrète et enfin femme guerrière. Elle est complexe, ambiguë. Un vrai rôle à facettes, loin de moi, même si par certains aspects je partage sa philosophie… sans dévoiler le film !

TM : Comment avez-vous préparé ce rôle ? 

CM : Avec ma coach de jeu principalement. Rentrer dans la psychologie d’Irina, tenter de comprendre ses motivations. Mais la vraie surprise a eu lieu sur le tournage face à mon partenaire, Julien Boisselier, qui a su construire un personnage à part, d’une grande pureté. Lui se retrouvait devant un volcan et je trouvais intéressant ce contraste entre nos deux personnages autour duquel j’ai composé. C’est un excellent acteur, extrêmement généreux.

TM : Comment travaillent les frères Vital-Durand en plateau ? 

CM : J’appréhendais un peu la direction d’acteur à deux mais leur connivence, leur complémentarité et leur compétence ont effacé mes craintes ! Surtout, par leur approche esthétique, leur maîtrise technique, ils ont su créer un véritable climat, un univers incroyable. Il y a un vrai parti pris qui, au-delà de l’esthétique, sert au mieux la narration. Je ne m’attendais pas à un tel rendu. C’est génial. Ce film est une merveille ! 

TM : Avez-vous aimé tourner en Provence ? 

CM : J’avais déjà participé à deux tournages dans cette région magnifique : Comme les cinq doigts de la main (2009) et L’Amour aux trousses (2004). La nature très présente et les lumières naturelles ont posé un décor idéal qui participe au climat onirique du film. 

TM : Quels types de rôles aimeriez-vous incarner ?

CM : Éléonore d’Arborée, femme sarde qui promulgua la Carta de Logu, base du droit sarde, et fit beaucoup pour les droits des femmes avant de mourir, en 1404. Sinon j’ai la chance de recevoir des rôles très différents : de la web série Deep (actuellement sur Studio+) où je joue le rôle de Skipper, à la comédie dramatique Trois silences, sortie cette année, en passant par la comédie C’est quoi cette famille ?! Étonnamment les deux minutes trente où j’apparais dans Casino Royale ont donné aux réalisateurs des fantasmes, des idées de rôles des plus divers ! 

TM : Quels sont vos projets dans les mois à venir ?

CM : Je suis actuellement en tournée théâtrale jusqu’au mois de mai en Italie, dans L’Idea di Ucciderti (L’Idée de te tuer), une pièce écrite et réalisée par Giancarlo Marinelli et j’ai aussi beaucoup de projets de films et de pièces entre lesquels il va falloir choisir !

TM : Parlez-nous de votre ligne de bijoux, Caterina Murino Jewellery…

CM : Avec plaisir ! Tout d’abord, je suis une grande amoureuse de mon île, la Sardaigne et nous avons un artisanat qui est en train de disparaître. Ayant fait des études de gemmologie, j’ai décidé en 2015 de créer des bijoux faisant appel au savoir-faire de ces artisans. C’est devenu une vraie passion et presque un deuxième métier ! Je me suis beaucoup documentée pour transformer nos légendes sardes en bijoux et renouveler cet art. Je dessine chaque modèle et ramène parfois des pierres d’ailleurs. Récemment, la directrice du Mucem m’a contactée pour exposer mes bijoux. Ce serait un très beau cadeau pour moi de pouvoir faire rayonner ainsi ma culture. J’espère que le projet va voir le jour. 

TM : Vos créations servent aussi la cause de l’association AMREF (African Medical and Research Fondation) dont vous êtes ambassadrice…

CM : Effectivement, j’ai créé un modèle « Fili di Vento » (en vente sur www.elsa-vanier.fr) tout en filigrane d’or jaune. Une partie des bénéfices des ventes est reversée à l’AMREF pour la formation des sages-femmes en Afrique. Cette cause me tient à cœur depuis 2006. 

 

Les réalisateurs marseillais David et Raphaël Vital-Durand fonctionnent en duo et ça leur réussit plutôt bien ! Le cinéma était leur rêve d’enfant et l’irréel a toujours été leur approche préférée. « La pub, le clip, les courts-métrages ou le documentaire nous ont permis d’accéder doucement mais sûrement à ce rêve avec cette approche de poésie qui nous est chère. Le film de genre nous permettait de raconter une vraie histoire, avec des personnages curieux et un univers visuel expressif ».

TM : Spectateur du film, on se demande souvent si l’on est dans la réalité ou dans la tête de Lancelot. Quelles étaient vos astuces pour créer cette ambiance ?

David et Raphaël Vital-Durand : C’est ce que nous voulions. Ce film devait être un peu comme un trip. La mise en scène devait être un rêve surréaliste sur une histoire réaliste afin de basculer le spectateur d’un monde à l’autre en permanence. Nous avons, par exemple, demandé à Julien Boisselier de jouer son rôle comme s’il était un cosmonaute qui arrive sur une planète inconnue.

TM : Vous jouez beaucoup avec les lumières qui participent au climat du film…

David et Raphaël Vital-Durand : Les extérieurs sont ce qu’il voit ou imagine voir. Les intérieurs correspondent à l’intérieur de sa tête, donc plus sombre. On aimait ce contraste d’ombres et de lumières qui se confrontent. L’amour et le drame se côtoient en permanence.

Extrait de l’interview du dossier de presse. www.vitaldurand.com

Sortie du film le 16 mai 2018

Photo en une _©Yannis Nivault