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Cheffes, 500 femmes qui font la différence dans les cuisines de France

À l’occasion de la sortie du guide Cheffes, 500 femmes qui font la différence dans les cuisines de France, le restaurant marseillais GinKgo a accueilli, dimanche 31 mars, cheffes, vigneronnes, barista, céramiste et sommelières de la région PACA, réunies autour des auteurs du guide, Estérelle Payany et Vérane Frédiani. Nous avons rencontré cette dernière pour parler de la cuisine qui s’écrit au féminin.

 

ToutMa : Cette problématique de la cuisine au féminin vous est familière ?

Vérane Frédiani : Oui, en 2016 j’ai réalisé un documentaire, À la recherche des femmes cheffes. Et l’ouvrage Elles cuisinent, paru en novembre dernier, dresse le portrait de femmes cheffes. Certaines étaient déjà dans mon film et une trentaine d’autres, venues du monde entier ont été ajoutées. Quant au guide Cheffes, nous l’avons co-écrit avec avec Estérelle Payani, pour les recenser en France, car on continue à entendre et lire qu’elles ne sont pas nombreuses… Tout a commencé l’an passé, après l’annonce des étoiles Michelin (NDLR en janvier 2018), j’ai lancé un appel sur Facebook : « Femmes cheffes de France sortez du bois, on va faire une liste ! » L’engouement a été énorme. Estérelle m’a proposé de faire la liste avec moi, puis Télérama l’a publiée au bout d’un mois avec une carte de France.

Devant ce succès, j’ai voulu faire un guide pour contrer ceux qui nient cette présence féminine en cuisine. Beaucoup de chefs masculins ont peur de la diversité. Car c’est de cela qu’il s’agit. On parle des femmes mais c’est surtout la question de la diversité en cuisine qui est en jeu. On ne veut remplacer personne. Il y a juste un manque de communication. Entre les hommes chefs, blancs, hétéros et le chef tatoué destroy il y a un entre-deux, où se trouvent notamment les femmes.

TM : Et ces femmes, alors, où sont-elles en cuisine ?

VF : Des femmes veulent des étoiles, d’autres pas. Leurs motivations et ambitions sont aussi diverses que celles des hommes. Quand les femmes s’emparent d’un métier on dirait que ça le dévalorise, que ça le dévalue. Avec ce guide et des rencontres comme celle du GinKgo on essaie de valoriser la pratique au féminin. Il y a une énergie positive qui fait du bien à la gastronomie française, qui était un peu figée.

TM : Vous avez un lien particulier avec Marseille ?

VF : Marseille bouge tout particulièrement. J’y ai grandi jusqu’à mes 20 ans et dans les années 1980-1990 ce n’était pas une ville de gastronomie. Tout ce qu’il s’y passe aujourd’hui est génial. Côté cuisine du monde, où les femmes sont partie prenante, notamment. Il y a aujourd’hui à Marseille une émulation collective autour de la gastronomie grâce aux personnes qui viennent d’ailleurs. Je travaille sur un projet pour passer à l’étape d’après. Au-delà du genre, je veux questionner la créativité dans un documentaire. Aller dans un resto est un acte politique et social. Choisir son resto, son chef ne doit pas être une décision prise à la légère. Cela fait partie de tous les changements de société que l’on essaie d’instaurer. On dit que les femmes sont moins payées en cuisine, alors il faut aller chez les cheffes. C’est citoyen, il faut choisir de dépenser dans tel ou tel endroit. En tant que client on est aussi responsable des stéréotypes. Ce documentaire à venir s’appellera Marseille cuisine le monde et j’espère aussi en faire un livre !