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Charles Berling en tandem frère pour le théâtre Liberté

Charles Berling est acteur, metteur en scène, réalisateur, scénariste, producteur et chanteur. Il prend la direction, avec son frère Philippe, du théâtre « Liberté » à Toulon, en septembre 2011 avec l’idée de donner un nouvel élan culturel à la ville de leur adolescence. Avec 3 salles et près de 1000 places, le théâtre se veut avant tout un lieu de création. Un espace high-tech aussi, avec un écran LED sur la façade, des projections vidéo dans le hall et une salle dédiée à l’art numérique.

Le comédien conçoit sa nouvelle fonction comme une « mission de service public ». Rencontre avec un homme pluridisciplinaire dont la voix si chaleureuse est un atout majeur !

ToutMa : Vous revenez sur vos pas à Toulon puisque vous y avez passé votre enfance et vous donnez le nom « Liberté » à ce théâtre… ce mot est-il évocateur de votre enfance ? Racontez-nous quelques souvenirs de votre jeunesse en Provence.

Charles Berling : La première chose que m’évoque le nom « Liberté » est simple, c’est le voyage. Mon père, officier de marine, nous a donné le goût du voyage par la force des choses. Je suis né à Paris puis parti à Brest, arrivé à Toulon, reparti à Tahiti et revenu à Toulon. J’aime aujourd’hui voyager et travailler à l’étranger, être citoyen du monde. Voyager est la première des libertés.

La deuxième chose que m’évoque le nom « Liberté » c’est le souvenir de partir en mer. Je partais en mer avec des copains en Italie ou en Corse. Toulon est tournée vers la mer, c’est une ville accueillante ouverte sur les pays de la Méditerranée. La mer, c’est aussi la liberté.

 

TM : Comment définissez-vous votre collaboration de co-directeur avec votre frère, également metteur en scène ? Quels sont vos rôles respectifs ?

CB : Nous n’avons pas la même carrière avec Philippe, nous n’avons pas travaillé dans les mêmes zones de théâtre. Philippe fait des choses que je ne fais pas et vice versa. Il agit dans des actions culturelles et des compagnies de théâtre. Ainsi on fait venir des personnes différentes, éclectiques, de tous les milieux. Ce qui me plaît c’est d’être transversal, le théâtre doit être une passion pour tous, et nous ne fonctionnons surtout pas avec un esprit de réseau. Je fais venir des gens du cinéma, de la radio…

 

TM : Votre arrivée a fait couler de l’encre, on a pu lire certaines critiques, quant à vos amitiés proches de l’Elysée. Qu’avez-vous à dire à vos détracteurs ?

CB : (Rires)… Je n’ai aucun problème avec cette question. La réponse est très simple. L’ex Ministre de la Culture Frédéric Mitterrand nous a reçu mon frère et moi et à la lecture de nos CV, il a pu constater que nous possédions toutes les capacités nécessaires  à la direction d’un théâtre public subventionné. Aucune critique n’a été émise sur mes capacités. Je dis donc à mes détracteurs que je n’ai pas attendu Carla pour faire du théâtre. Je le pratique depuis mes 14 ans. J’ai joué dans 60 pièces et j’ai eu des responsabilités. La corruption c’est quand une personne incapable se retrouve parachutée à un poste dont il ne peut maîtriser la direction. Dans le service public, Jean Vilar a œuvré ce n’est pas pour rien !

 

TM : Peut-on parler de décentralisation théâtrale ou y a-t-il, selon vous, toujours une forte concentration du théâtre à Paris ? Le public toulonnais est-il un public de théâtre ? Que pensez-vous de Marseille à ce sujet ?

CB : En effet, le théâtre est ultra-centralisé à Paris. Bien que des politiques constructives aient vu le jour depuis André Malraux et Jean Vilar, pour œuvrer dans le sens inverse. Le Maire de Toulon, Hubert Falco, a eu la bonne idée de mettre en place un centre de création dans l’esprit de réduire les théâtres d’accueil et d’insuffler un souffle créatif. Cet état d’esprit est à préserver et à renforcer. Mettre des équipes à la création théâtrale, ça c’est de la décentralisation ! J’aime beaucoup le public toulonnais car nous n’avons pas établi au théâtre « Liberté » une programmation édulcorée mais une programmation nationale d’envergure, avec des spectacles difficiles d’accès. Tous les artistes sont ravis de ce public honnête et direct, moins bourgeois. Marseille a le même genre de public et je l’apprécie tout autant, j’aime jouer au Gymnase, mais ne crois pas avoir joué une fois à la Criée.

 

TM : Quelle sera la programmation du théâtre « Liberté » pour 2013 ? Vous rapprocherez vous de la dynamique  « Marseille Capitale Européenne de la Culture 2013 »?

CB : Nous vivons une incertitude budgétaire en 2013, le Ministre n’a, en effet, pas tenu ses promesses. Vous voyez, si j’avais tant d’influence que ça… Je tiens tout de même à faire une belle programmation, même si je n’ai qu’une seule création au lieu de 3 pour cause de budget réduit. Je me concentre actuellement sur un beau projet reliant différents arts, le spectacle et la musique sur le pianiste Glenn Gould et le violoniste Yehudi Menuhin. J’essaye de me rapprocher de Marseille pour 2013 mais rien n’est dans la poche.

 

TM : Etes-vous un homme de théâtre ? Considérez-vous avoir acquis une maturité dans ce domaine ?

CB : Un homme de théâtre oui et non, car la finalité ce n’est pas le théâtre. C’est un moyen pour raconter des choses et faire de l’art. La théâtralité au sens académique m’emmerde. Je suis aussi un homme d’écriture, de cinéma, de radio, de musique… Je suis certainement un homme de travail. J’ai tendance à me remettre souvent en cause. J’aime bien explorer des choses que je n’ai pas faites. Je me remets en cause à chaque scène, le stress est un moteur.

 

TM : Quel est votre plus beau souvenir de scène ?

CB : Ouf, j’en ai trop ! Mes plus beaux souvenirs sont quand je suis profondément dans l’œuvre et que je m’oublie, c’est alors un grand moment de grâce…

 

TM : Parlez-nous du Centre National de Création et de Diffusion Culturelle de Châteauvallon à Ollioules ?

CB : Avec Philippe, on a débuté là-bas car c’était, déjà à l’époque, un des seuls lieux de théâtre subventionnés. Nous nous rapprochons de Châteauvallon pour réduire les frais de nos deux structures. C’est un endroit merveilleux sur les collines avec une vue imprenable et 1200 places en extérieur et une petite salle de 400 places. Le CNCDC est dirigé par Christian Tamet, un ami qui fait une très belle programmation.

 

TM : Avez-vous connu des bouleversements familiaux tels que ceux évoqués dans le film « le prénom » ? Livrez-nous une anecdote de tournage…

CB : Alexandre de la Pattelière et Mathieu Delaporte ont une telle grâce dans l’écriture qu’évidemment tout le monde a connu des engueulades en famille. Surtout que la mienne est nombreuse alors on n’est pas toujours d’accord avec ses beaux-frères et j’ai des points de vue différents de mes cousins d’Algérie. Sur le tournage du « Prénom » j’ai beaucoup ri avec Patrick Bruel qui s’est pris tout le long pour un acteur américain des années 40, il avait un accent de crooner
à hurler de rire.

 

TM : Hollande président. Maintenant que les dés sont jetés, inviterez-vous Carla et Nicolas au théâtre « Liberté » ?

CB : Evidemment que je vais les inviter, en plus, je suis sûr qu’ils vont venir, ils ne sont pas loin au Cap Nègre. Je suis fidèle en amitié et même si je ne suis pas d’accord avec Nicolas en tant que Président de la République, et que je suis plus en phase avec les idées d’un mec comme François Hollande, Nicolas Sarkozy est très sympa dans l’intimité !

 

Théâtre Liberté _www.theatre-liberte.fr
Grand Hôtel, Place de la Liberté, Toulon
contact@theatreliberte.fr
Billetterie : 04 98 00 56 76
Retrouvez aussi Charles Berling en “Jeune Chanteur” à Marseille au Théâtre du Gymnase les 5 et 6 avril 2013…
PHOTOS _ Richard Aujard