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Yacine Aouadi, destin haute couture

Depuis quelques années, son nom se murmure dans le monde discret de la haute couture… Yacine Aouadi, petit garçon des quartiers nord de Marseille, crée aujourd’hui des robes sur mesure pour des stars
hollywoodiennes. Il est, cet été, mis à l’honneur dans le cadre du festival OpenMyMed, organisé par la Maison Mode Méditerranée.

ToutMa : La Maison Mode Méditerranée (MMM) vous a confié la direction artistique d’une exposition spéciale au château Borély, dans le cadre de l’édition 2019 du festival OpenMyMed. Quel est le fil rouge de cet événement exceptionnel ?

Yacine Aouadi : Cette exposition, dont Maryline Bellieud-Vigouroux nous a fait l’honneur de nous demander d’assurer la direction artistique (avec mon bras droit, Matthieu Pabiot), célèbre, au sens propre comme au figuré, trois décennies dédiées à la création de mode en Méditerranée. La mode à Marseille a sa maison, mais aussi son château, qui est également un musée. C’est donc naturellement dans cet écrin que la fête a lieu ! 

TM : Vous aviez vous-même fait l’objet d’une exposition entre ces murs, en 2016. Qui est donc Yacine Aouadi, couturier remarqué dans les sphères de la haute couture, mais encore inconnu du grand public ? 

YA : Je suis né en 1980 dans les quartiers nord de Marseille, benjamin d’une famille d’origine algérienne de cinq enfants. J’ai quitté le berceau familial à 25 ans pour rejoindre les bancs de l’école de stylisme du Studio Berçot. À l’issue de mes études, j’ai été recruté comme styliste par la maison Balmain. Animé par la volonté de m’exprimer autrement qu’à travers un studio de création, j’ai fondé ma griffe éponyme en 2015. Dès ma première collection, présentée au Grand Palais (Paris), j’ai été invité à figurer dans le calendrier officiel des défilés haute couture et mes créations ont aussitôt séduit des actrices d’envergure internationale, comme Cate Blanchett ou bien encore Kirsten Dunst. C’est d’ailleurs cette même première collection, intitulée « 13’015 », qui a donné lieu à l’exposition à laquelle vous faites référence, initiée et produite par la MMM, au Mucem et au château Borély… 

TM : Vous êtes le directeur artistique de cette édition d’OpenMyMed. Que pensez-vous de l’initiative de la MMM ?

YA : Je partage la vision de Maryline Bellieud-Vigouroux, fidèle à une ligne éditoriale reposant à la fois sur l’histoire de la mode et sur les grandes signatures qui ont ouvert la voie. Je me retrouve aussi dans le regard qu’elle porte sur la jeune génération. Prendre le parti de la Méditerranée à partir de Marseille fait sens et différencie la MMM des autres structures internationales. Cette programmation officialise le bouillonnement créatif qui a lieu ici. 

TM : Comment qualifieriez-vous votre style ? Quels sont vos projets futurs ?

YA : Je ne sais pas si l’on peut d’ores et déjà dire que j’ai un style, mais j’ai en tout cas une vision, celle de créations couture comme fin en soi. Ni des contes de fées, ni un laboratoire d’idées, seulement la quête d’une silhouette moderne et sophistiquée, débarrassée de ses clichés. Des collections éprises de détails, plutôt que des démonstrations, où le vêtement est avant tout le reflet d’un goût, d’une personnalité incarnée par sa singularité. Mon inclination naturelle pour l’artisanat et les métiers d’art privilégie l’exception comme antidote à la standardisation. C’est la vision réaliste et contemporaine d’un style hybride, entre urbain et mondain. Mes projets futurs sont quotidiens ! Indépendamment des collections, la nature même de la haute couture, qui consiste à réaliser des créations uniquement sur commande et sur mesure, fait de chaque commande un nouveau projet.

TM : Vous considérez-vous comme l’héritier spirituel et artistique d’Azzedine Alaïa ?

YA : L’héritier, non. Ce serait bien trop présomptueux de ma part, mais Azzedine Alaïa représente bel et bien, pour moi, le modèle absolu du couturier, aussi bien dans son approche de la création que dans la manière dont il a développé sa maison de couture. Il est une source d’inspiration et un repère… devenu éternel.

 

Opus sur la création de mode en Méditerranée jusqu’au 15 septembre

CHÂTEAU BORÉLY
134 avenue Clot Bey, Marseille 8e
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Yacine Aouadi _aouadi.paris