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Dérapages : Éric Cantona, chômeur en majesté

Dérapages sans sortie de route pour la nouvelle minisérie de Ziad Doueiri (à qui l’on doit déjà Baron Noir), qui met en scène un Éric Cantona au bord de la rupture, impressionnant de justesse dans son rôle de chômeur quinquagénaire prêt à tout pour sortir de la spirale infernale du déclassement et de l’humiliation sociale. Au départ de l’intrigue, Cadres noirs, le page-turner à succès de Pierre Lemaitre, qui nous sert un scénario à mi-chemin entre Le Couperet de Costa Gavras, pour la satire implacable du monde du travail, et El Método Grönholm, du réalisateur argentin Marcelo Piñeyro (adapté d’une pièce de Jordi Galceran), pour l’aspect expérimental façon « entretien d’embauche qui tourne mal à la Défense ».

Le pitch est efficace : Alain Delambre, ancien DRH qui accumule depuis 6 ans des petits jobs alimentaires humiliants se voit proposer un poste en or par un cabinet de conseil en management. Tout ce qu’il a à faire, c’est de participer, en tant qu’évaluateur, à une épreuve de recrutement en forme de jeu de rôle. Sauf que le jeu de rôle en question, c’est la prise d’otage des cadres en poste d’une société cotée en bourse. Et ce qui est demandé à Alain, c’est de pousser à bout ces employés, pour voir lequel est le plus à même de résister à la pression… et sera donc le plus capable de mener à bien un large plan de licenciement dans une usine du Nord de la France. Évidemment, tout ça ne va pas sans poser de problème moral au chômeur en fin de droits qu’est Alain…

Alors bien sûr, il faut se donner la peine d’aller au bout de l’épisode pilote, qui n’est pas le meilleur de la série, comme souvent du reste quand il s’agit de concentrer l’action et qu’il est impératif de mettre rapidement en place tous les éléments de l’intrigue et ses personnages clefs. Mais passées les 60 premières minutes, on peine à lâcher l’écran et on se laisse happer par une histoire qui, bien au-delà de la prise d’otage et sans trop en dévoiler sur l’intrigue, flirte avec les plus palpitants scénarios de polars financiers de ces dernières années. Certaines ficelles sont plus grosses que d’autres, mais le jeu des acteurs (sans parler d’Éric Cantona, on a plaisir à retrouver Suzanne Clément, que le public français a découverte dans Mommy) rattrape largement les petites faiblesses qu’on rencontre ici et là. À voir avant de retourner au bureau, mais que ça ne vous donne pas trop d’idées !

Réalisation : Ziad Doueiri
D’après le roman de Pierre Lemaitre, Cadres noirs
Avec Éric Cantona, Suzanne Clément, Alex Lutz, Gustave Kervern
6 épisodes de 60 minutes

Pour voir la série en entier : www.arte.tv/fr/videos ou sur l’application Arte jusqu’au 13 mai, puis sur Netflix à partir du 15 mai