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« Ce que le jour doit à la nuit » un film d’Alexandre Arcady.

Le roman de Yasmina Khadra relate le chaos d’une époque : la guerre d’Algérie. C’est un voyage à travers le temps en toile de fond d’une magnifique mais impossible histoire d’amour qu’Alexandre Arcady a tenu à adapter sur grand écran. Il nous raconte avec émotion et passion l’histoire de ce film réalisé comme un acte de foi. Sortie nationale le 12 septembre 2013.

TOUTMA : Il existe de nombreux livres sur l’Algérie coloniale, pourquoi avoir choisi celui-ci ?

ALEXANDRE ARCADY : J’aime les signes du destin. Ce livre m’a été offert et je l’ai lu sans pouvoir m’arrêter. Je suis un homme d’action, j’ai donc écrit à Yasmina Khadra et nous nous sommes rencontrés. Beaucoup de producteurs étaient intéressés pas l’adaptation de son roman mais il me semblait impossible que ce ne soit pas moi.

TM : Pensez-vous être resté fidèle au livre ?

AA : Nous avons souvent des appréhensions sur la fidélité. Je suis resté le plus possible proche de cette œuvre majeure. Je me suis autorisé quelques libertés mais j’ai préservé l’essentiel vis-à-vis des spectateurs. Le livre est très historique. La double culture est assez contemporaine.

TM : Pourquoi ne pas avoir tourné en Algérie ?

AA : Je l’ai voulu. Je me suis rendu à Oran en repérage. Nous avons été accueillis comme des frères pas le peuple algérien. Hélas, il y a une dissension entre la population et la politique du pays. Les dirigeants ont une façon d’aborder les sujets un peu dure et j’ai eu peur. La France et l’Algérie n’ont pas vécu l’histoire d’amour qu’ils auraient dû vivre. Nous avons tourné dans le nord de la Tunisie qui est très proche d’Alger.

TM : Comment s’est passé le tournage ?

AA : La préparation a commencé en octobre 2011. Grâce à Mehdi Houas alors ministre du tourisme en Tunisie, nous avons pu tourner 15 jours dans une certaine sérénité malgré les chars et les barbelés. Dans sa globalité, le tournage a duré 10 semaines pour un premier rush de 4h30. Je termine d’ailleurs le film dans le cimetière de Marseille. Cette ville est la porte que nous avons tous franchi par bateau. J’ai moi-même découvert la France du quai de la Joliette puis direction la Canebière.

TM : Est-ce que Yasmina Khadra vous a donné son avis ?

AA : Yasmina était inquiet car son roman est autobiographique. Je ne voulais surtout pas le dénaturer mais je me suis autorisé quelques changements. A un moment, il a laissé libre cours à mon travail. Lorsqu’il a vu le montage, il a pleuré et m’a dit une phrase magnifique : « J’aurais pu écrire le roman comme tu as fait ton adaptation ».

TM : Quels sont vos futurs projets ?

AA : Je vais réaliser une histoire dramatique sur l’assassinat d’Ilan Halimi. C’est important de raconter le martyr de ce jeune homme.

 

Photos : R. Poulain