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Jean-Baptiste Pietri

Jean-Baptiste Pietri possède une signature pour tous ses projets marseillais… le blanc. La couleur qui sied le mieux à la cité phocéenne et qui colle à la peau de la Méditerranée. Le jeune architecte exerce son métier avec passion depuis plus de 10 ans, son projet H99 bouleverse les codes de l’habitat traditionnel à Marseille, surtout dans un quartier réhabilité en plein essor… Ferveur et optimisme le caractérisent. Il aime et vit la ville !

ToutMa : Que représente pour toi Marseille Capitale Européenne de la Culture en 2013 ?

Jean-Baptiste Pietri : 2013 est un accélérateur, un déclencheur de tous les chantiers. Cela a permis de terminer le MUCEM et le CEREM, d’entamer le chantier de la Fondation Regards de Provence, de faire de grands travaux sur le Vieux-Port, de commencer la commercialisation de zones commerçantes comme Les Voûtes de La Major, Les Terrasses du Port et le réaménagement des docks… Marseille est actuellement le plus gros chantier urbain en Europe.

 

TM : Jean-Baptiste Pietri (Pietri Architectes) existe t-il en dehors de Constructa (groupe immobilier de Marc Pietri) ?

J-B P : Constructa est une entreprise familiale. Mon père Marc est un grand entrepreneur et ma mère Rozenn qui le soutient depuis toujours, a un rôle important de réception. Ils reçoivent des gens du monde entier et leur font découvrir Marseille. Ma grande-sœur Vanina s’occupe de la communication du groupe. Constructa est parfois mon client. Les Bains de Mer Chauds, la maison familiale sur la corniche, est ma plus belle carte de visite aujourd’hui. Mon père a souhaité racheté l’endroit où son grand-père, médecin militaire revenu à Marseille, exploitait les bains. Ce n’est pas simple de réaliser la maison de ses parents… leur lieu de vie est en quelque sorte devenu une maison d’hôtes. (rires)
Aujourd’hui, on me propose de plus en plus de projets intéressants, sans pour autant m’associer à mon père, ce qui me ravit !

 

TM : Comment définirais-tu ton architecture ? A l’instar d’un grand couturier, quel est ton style ?

J-B P : Je travaille essentiellement sur des projets urbains et ce, dans la France entière. Mon agence a en effet une écriture architecturale identifiable, que ce soit sur les petits ou grands projets. Je suis toujours étonné de constater que la maison familiale reste la référence de mon travail alors que j’ai réalisé depuis, plus de 25 projets. Ma problématique face à cette habitation fut simple : une architecture la plus nouvelle possible sans créer une rupture violente. Ma génération est là pour réparer et réordonner la ville et non pour faire table rase. Mon style, c’est l’architecture contextuelle. J’ai le souci de l’intégration et de l’équilibre. Ce qui fait vendre aujourd’hui dans la pub, le cinéma et la mode, c’est le trash ! Je prône, au contraire, une architecture douce… On a livré 2 immeubles à la Porte d’Aix. Le dessin est très contemporain mais la réalisation a séduit le public car il n’y a pas de violence architecturale.

 

TM : Qu’est-ce qui te séduit le plus entre la réhabilitation d’un lieu ou sa construction ?

J-B P : Je réhabilite Les Voûtes de La Major mais je suis passionné par la composition urbaine et la construction du projet de A à Z.  95 % de mon travail consiste en la création de projets pour les personnes ayant des difficultés d’accès au logement, notamment dans les banlieues (Val de Reuil, Montfermeil, Aulnay, Sarcelles). Mes interlocuteurs sont alors les maîtres d’ouvrage, les maires et les associations sociales. Au travers du projet urbain, il y a toujours du social. La problématique de ces gens est de créer un projet comme un signe évident de renouveau. Le maire dans sa commune veut souvent laisser une empreinte et le projet devient alors un outil politique. Je travaille sur la commune d’Evry avec d’autres architectes, sur un projet de 400 logements. On est dans un registre de logements peu onéreux. Les foyers familiaux sont séduits par les prestations proposées. L’exercice consiste à proposer le plus grand nombre de prestations avec un budget très limité.

 

TM : T’intéresses-tu à la commercialisation des projets une fois la construction achevée ?

J-B P : Evidemment, j’en observe l’évolution car il n’y a pas de meilleur révélateur de la qualité de la réalisation !

 

TM : Comment attirer les Marseillais, peu adeptes du vertical, dans la tour H99 ?

J-B P : H99 est un concept fort… On n’offre pas de la superficie mais un état d’esprit. Si le vertical a une image défavorable ici (logements sociaux dégradés ou immeubles de bureaux) en Asie c’est un symbole de luxe ! Constructa détenait ce terrain et la puissance publique nous a imposé une tour. Il y aura d’ailleurs la tour Jean Nouvel, le musée Riccioti, la tour existante de Zaha Hadid (CMA/CGM). Des hommes forts font la ville et dans ce périmètre Euroméditerranée, les Marseillais ne réalisent pas l’ampleur de ce qui est en train de se produire. Sur une surface de 10 000 m2, vont être construit 95 000 m2 ! Une densité forte répartie dans 149 appartements, du studio au penthouse. La tour ne sera pas plus grande que celle du Grand Pavois. Je travaille dessus depuis 2007 avec 3 collaborateurs. On s’occupe aujourd’hui des détails, en offrant de très belles prestations. Les meilleurs artisans ont été sélectionnés pour les matériaux, les meubles, les salles de bain, les poignées de porte.
L’aspect  « développement durable » n’a pas été négligé non plus. Une tour limite l’étalement urbain par elle-même. Elle sera conçue en béton blanc et sa façade épaisse limitera les impacts de la chaleur ou du froid. Ce bâtiment très haut, au gabarit exceptionnel, comportera des façades perforées pour la protection solaire. Ceux qui investiront dans H99 seront des gens confiants et convaincus du renouveau de ce quartier emblématique de Marseille. Ils seront sensibles à la vue panoramique urbaine et maritime. En choisissant ce style d’habitat, ils s’inscrivent dans un courant optimiste.

 

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