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Dominique Bluzet, l’année capitale

Dominique Bluzet est le directeur du Grand Théâtre de Provence, du Théâtre du Gymnase et du Jeu de Paume. Ces trois structures constituent un pôle culturel d’envergure pour notre région… Cet acteur essentiel de Marseille Provence 2013 met en scène près de 300 représentations accueillant 300 000 spectateurs pour cette année « capitale » et finalise surtout un prodigieux Festival de Musique Classique… Son coup de Maître.

ToutMa : Nous touchons presque du doigt l’année 2013… Quand on est le « Monsieur Théâtre de Marseille, Capitale Européenne de la Culture », comment vit-on cette responsabilité ?

DB : Monsieur Théâtre de Marseille est trop restrictif en ce qui me concerne ! Le Grand Théâtre de Provence et le Jeu de Paume sont à Aix-en-Provence par exemple et puis et nous programmons beaucoup de danse et de musique. Je suis également très engagé dans l’organisation de MP 2013. C’est un beau travail d’équipe. Cela fait 4 ans que nous travaillons comme des fous à la programmation des 3 théâtres réunis. Je rêve de voir à nouveau surgir l’esprit de la Movida qui animait Marseille à la fin des années 90. Cela ré-enchanterait le projet global. Il faut que les Marseillais soient plus à même de cultiver leur réussite…

TM : Ce trimestre, vous avez mis en suspens vos représentations théâtrales pour préparer cette saison peu ordinaire. Par contre, vous avez mis à la disposition des compagnies régionales vos « Plateaux Libres » pour reprendre l’expression consacrée…

DB : Nous avons décidé sciemment de démarrer la programmation de 2013 en 2013, et créer une vraie coupure pour entrer dans l’année capitale. « Plateaux Libres », c’était une façon de jeter les bases de la solidarité… Ainsi, 18 compagnies régionales se sont préparées à leur année capitale avec les mêmes outils que nous, entre septembre et décembre 2012. Dans cette aventure, la notion de représentation n’est pas la seule finalité… on a voulu aller à la rencontre d’une population diverse et variée afin de l’associer à notre démarche artistique. Par exemple, on a créé des orchestres amateurs et leurs concerts vont être diffusés sur France Musique. Une troupe de théâtre amateur également, a mis en scène Les Suppliantes d’Eschyle.

TM : Prenez-vous votre travail comme une mission culturelle ?

DB : Non seulement c’est une mission culturelle, mais elle a une dimension politique au sens large du terme… elle est à la fois humanitaire, culturelle et populaire. Simplement pour que les gens soient fiers, fiers de Marseille. Il faut agir d’une manière collective et généreuse. Le premier chapitre de cette mission, c’est d’abord vivre ensemble, avant même d’aborder le chapitre des spectacles. Ensuite j’ai envie de dire : venez au théâtre parce que c’est important ! Il doit être synonyme de fête… De plus, le public vieillit ! Je compte beaucoup sur les femmes car ce sont elles qui aiment  le théâtre et qui rajeuniront ce public en emmenant leurs enfants. Pour ça, il faut qu’on réinvente des catégories de théâtre plus adaptées à la société d’aujourd’hui, plus drôles, plus « Music Hall » pour lesquelles les gens se déplaceront en famille. Il faut que le théâtre touche tous les publics.

TM : Vous considérez-vous comme un homme de théâtre ou comme un entrepreneur ? Vous dirigez tout de même 200 personnes…

DB : Ma tâche n’est pas seulement artistique… Elle est aussi militante ! Ma force, celle d’assumer une grande charge de travail, vient de ma capacité à dormir peu (sourire). Les théâtres travaillent ensemble dans la même direction et cela fonctionne plutôt bien. Il y a MP 2013 mais aussi le Festival de Pâques, que je suis en train de créer avec Renaud Capuçon, qui doit voir le jour cette année également mais surtout perdurer au-delà de 2013… Il est conçu pour devenir l’un des plus grands festivals de musique classique en Europe. On prévoit une vingtaine de concerts étalés sur 2 semaines. Ce festival s’inscrit surtout dans la démarche de développement d’une grande Marseille.

TM : 280 levers de rideaux sont annoncés pour 2013. Donnerez-vous les 3 coups d’ouverture vous-même le 12 janvier prochain, symboliquement ?

DB : Au delà de ces 280 représentations, nous avons fait le choix de nous entourer de partenaires prestigieux. Le festival de Radio France « Présences », viendra jusqu’à Marseille. L’illustre Comédie Française aussi se délocalise pour l’occasion. En 2013, nous porterons 16 créations avec des artistes plus ou moins connus mais exceptionnels tels que Jean-Pierre Vincent, Abd al Malik, Sonia Wieder-Atherton, Philipe Car, Toni Servillo, Simon Abkarian, Aurélien Bory, Zahia Ziouani… et j’en oublie ! Notre pôle théâtral doit être une merveilleuse vitrine.

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